La vie autrefois : l'école
On sait qu’avant 1861, quand Mollières faisait partie de la commune de Valdeblore, les parents qui voulaient faire apprendre à lire et à écrire à leurs enfants, n’avaient d’autre recours que les bons offices du curé. Par qui était rétribué le curé pour ce service ? Il ne semble pas que la Commune ait alloué une subvention à cet effet (notons que dans le Royaume de Sardaigne, l’obligation aux Communes d’instituer des écoles élémentaires découle de la loi du 13 mars 1869).
En revanche, il résulte du budget de ??? que la commune, en l’occurrence la Section de Mollières, a alloué une indemnité de 200 lires à cet effet à Don Delfino (curé non mentionné dans la liste par ailleurs).
La rétribution du maître d’école (pourvu ou nom d’un diplôme) a été ensuite portée à 500 lires. L’école de Mollières avait qualification d’ « Ecole élémentaire mixte et semestrielle », toujours à la charge de la Commune jusqu’en 1920.
Le maître choisi par la Commune n’a pas toujours été le curé. Il y a eu des enseignants venus d’ailleurs, et pendant de nombreuses années, cette fonction a été exercée par le secrétaire de la Section, M. Callixte Richier,("Callistou") homme de grande culture pour un petit village de montagne.
C’est en vertu du décret du 4 juin 1911 que l’Etat italien a pris en charge toutes les écoles élémentaires du royaume. Mais ce décret à Mollières n’a été appliqué que pour la rentrée de 1920. Le premier instituteur d’Etat a été M. Palmiro Conte , alors âgé de 22 ans, et que les Molliérois évoquaient encore de longues années plus tard avec beaucoup d'admiration. Il faut bien dire que, compte tenu de la situation de grand isolement du village, l'affectation était généralement perçue comme une affectation provisoire, tant d'ailleurs pour les instituteurs que pour les curés, et ils n'y restaient souvent qu'une année, le temps d' une nomination plus proche de leur voeu. On pourrait mentionner encore l'exemple de ce jeune instituteur originaire de Sicile, qui autour de 1940 avait obtenu à Mollières sa première affectation : un Sicilien à Mollières ! Cela n'est pas sans similitude avec la situation actuelle en France où l'on envoie le plus souvent les enseignants en première affectation dans des établissements difficiles, dans des zones dites "sensibles" et souvent dans des académies très éloignées de leur région d'origine. Toujours est-il que ce jeune insituteur sicilien prit courageusement et sympathiquement son mal en patience, qu'il souffrit beaucoup l'hiver qu'il passa à Mollières et que ce fut un émerveillement inoubliable lorsque le jeune maître distribua à ses élèves ébahis des oranges que sa famille lui avait expédiées !
La classe s'est, au cours des années, déroulée en divers locaux : tout d'abord dans la Maison commune ("la coumuna"), au premier étage,qui servait aussi de salle de réunion, et ce même lorsque le curé avait en charge l'instruction élémentaire (la deuxième maison après le bâtiment de l'église et de l'ancien presbytère ; son grenier abritait jusqu'à la fin du 19è siècle, voire un peu plus tard "lou Mount"(cf le Mont de Piété), c'est-à-dire une réserve de blé collective et administrative destinée à faire fasse aux risques de famine). Vers 1926, les autorités en charge de l'Education décidèrent que le local n'était pas conforme aux normes d'hygiène et de sécurité et votèrent la construction d'une nouvelle école, qui ne se fit pas (peut-être parce que les Molliérois refusèrent le prêt de main-d'oeuvre qui était exigé) ; toujours est-il que la Commune loua un local dans la maison située en face de l'ancien presbytère : l'instituteur était toujours un curé à ce moment-là. C'est là par exemple qu'enseigna le dernier curé-instituteur, Carlo Prandi, en fonction de septembre 1935 à l'été 1940 ; mais l'hiver, lorsqu'il faisait très froid, il faisait classe dans son appartement du presbytère qui était déjà chauffé. A partir de là, la Commune envoya des instituteurs laïcs qui firent cours à nouveau au premier étage de la maison Commune qui était aussi leur "logement de fonction" : il y avait en tout et pour tout une chambre dans le coin de la salle principale, probablement fermée avec un simple rideau et le poêle était naturellement commun avec la classe. En 1939-40, avant que le curé Carlo Prandi n'eut prit sa retraite, mais il était fatigué et assez âgé, on nomma un instituteur laïc, M. Cartosio, originaire de la région de Cuneo ; en 1940-41, ce fut le jeune instituteur sicilien ; en 1941-43, un instituteur originaire de Valdieri qui occupa cette fonction durant deux ans ; le dernier instituteur, en 1943-44, aux dires de certains, ne fit guère cours, on prétendait même qu'il pratiquait la contrebande...Enfin, cette année-là, ce fut vraiment la fin.
En ce qui concerne l'organisation de l'enseignement, il s’agissait naturellement d’une classe unique, où les jeunes Molliérois, comme on le pratique encore aujourd'hui, regroupés en une seule classe de 15 à 30 enfants selon les époques, étudiaient les rudiments jusqu’à l’âge de 13 ans environ. Ils y étudiaent la lecture (ils disposaient même d'un manuel dans les années 30), le calcul, l'histoire, la géographie, les sciences naturelles, ils composaient des rédactions, le tout en langue italienne bien évidemment ; bref, cet enseignement apportait à tout jeune Molliérois une éducation de base et une culture générale solide pour un village par ailleurs très reculé. Les revues et journaux auxquels de nombreux Molliérois étaient abonnés, aussi bien les adultes que souvent aussi les enfants , prolongeaient leurs connaissances et leur ouverture sur le monde dans les années trente au moins (peut-être avant ?). L’année scolaire se limitait donc grosso modo à un semestre puisque, les enfants étant réquisitionnés par leurs parents pour les aider aux travaux des champs, les cours commençaient au début de l’automne pour s’interrompre au printemps, avec les premiers travaux. Les enfants des hameaux voisins, Le Duch et Torte essentiellement, devaient se rendre quotidiennement à pied au village. Le hameau de Spras étant trop éloigné du village, les enfants étaient parfois confiés en pension à quelques proches villageois, ou bien, à une époque, dans les années 1930, les parents de ce hameau avaient employé sur leurs deniers, pour une petite période en hiver, un « instituteur particulier » en la personne de Célestin Giuge qui était réputé pour son instruction, étant un des rares à avoir un peu étudié au Lycée de Cuneo.
En revanche, il résulte du budget de ??? que la commune, en l’occurrence la Section de Mollières, a alloué une indemnité de 200 lires à cet effet à Don Delfino (curé non mentionné dans la liste par ailleurs).
La rétribution du maître d’école (pourvu ou nom d’un diplôme) a été ensuite portée à 500 lires. L’école de Mollières avait qualification d’ « Ecole élémentaire mixte et semestrielle », toujours à la charge de la Commune jusqu’en 1920.
Le maître choisi par la Commune n’a pas toujours été le curé. Il y a eu des enseignants venus d’ailleurs, et pendant de nombreuses années, cette fonction a été exercée par le secrétaire de la Section, M. Callixte Richier,("Callistou") homme de grande culture pour un petit village de montagne.
C’est en vertu du décret du 4 juin 1911 que l’Etat italien a pris en charge toutes les écoles élémentaires du royaume. Mais ce décret à Mollières n’a été appliqué que pour la rentrée de 1920. Le premier instituteur d’Etat a été M. Palmiro Conte , alors âgé de 22 ans, et que les Molliérois évoquaient encore de longues années plus tard avec beaucoup d'admiration. Il faut bien dire que, compte tenu de la situation de grand isolement du village, l'affectation était généralement perçue comme une affectation provisoire, tant d'ailleurs pour les instituteurs que pour les curés, et ils n'y restaient souvent qu'une année, le temps d' une nomination plus proche de leur voeu. On pourrait mentionner encore l'exemple de ce jeune instituteur originaire de Sicile, qui autour de 1940 avait obtenu à Mollières sa première affectation : un Sicilien à Mollières ! Cela n'est pas sans similitude avec la situation actuelle en France où l'on envoie le plus souvent les enseignants en première affectation dans des établissements difficiles, dans des zones dites "sensibles" et souvent dans des académies très éloignées de leur région d'origine. Toujours est-il que ce jeune insituteur sicilien prit courageusement et sympathiquement son mal en patience, qu'il souffrit beaucoup l'hiver qu'il passa à Mollières et que ce fut un émerveillement inoubliable lorsque le jeune maître distribua à ses élèves ébahis des oranges que sa famille lui avait expédiées !
La classe s'est, au cours des années, déroulée en divers locaux : tout d'abord dans la Maison commune ("la coumuna"), au premier étage,qui servait aussi de salle de réunion, et ce même lorsque le curé avait en charge l'instruction élémentaire (la deuxième maison après le bâtiment de l'église et de l'ancien presbytère ; son grenier abritait jusqu'à la fin du 19è siècle, voire un peu plus tard "lou Mount"(cf le Mont de Piété), c'est-à-dire une réserve de blé collective et administrative destinée à faire fasse aux risques de famine). Vers 1926, les autorités en charge de l'Education décidèrent que le local n'était pas conforme aux normes d'hygiène et de sécurité et votèrent la construction d'une nouvelle école, qui ne se fit pas (peut-être parce que les Molliérois refusèrent le prêt de main-d'oeuvre qui était exigé) ; toujours est-il que la Commune loua un local dans la maison située en face de l'ancien presbytère : l'instituteur était toujours un curé à ce moment-là. C'est là par exemple qu'enseigna le dernier curé-instituteur, Carlo Prandi, en fonction de septembre 1935 à l'été 1940 ; mais l'hiver, lorsqu'il faisait très froid, il faisait classe dans son appartement du presbytère qui était déjà chauffé. A partir de là, la Commune envoya des instituteurs laïcs qui firent cours à nouveau au premier étage de la maison Commune qui était aussi leur "logement de fonction" : il y avait en tout et pour tout une chambre dans le coin de la salle principale, probablement fermée avec un simple rideau et le poêle était naturellement commun avec la classe. En 1939-40, avant que le curé Carlo Prandi n'eut prit sa retraite, mais il était fatigué et assez âgé, on nomma un instituteur laïc, M. Cartosio, originaire de la région de Cuneo ; en 1940-41, ce fut le jeune instituteur sicilien ; en 1941-43, un instituteur originaire de Valdieri qui occupa cette fonction durant deux ans ; le dernier instituteur, en 1943-44, aux dires de certains, ne fit guère cours, on prétendait même qu'il pratiquait la contrebande...Enfin, cette année-là, ce fut vraiment la fin.
En ce qui concerne l'organisation de l'enseignement, il s’agissait naturellement d’une classe unique, où les jeunes Molliérois, comme on le pratique encore aujourd'hui, regroupés en une seule classe de 15 à 30 enfants selon les époques, étudiaient les rudiments jusqu’à l’âge de 13 ans environ. Ils y étudiaent la lecture (ils disposaient même d'un manuel dans les années 30), le calcul, l'histoire, la géographie, les sciences naturelles, ils composaient des rédactions, le tout en langue italienne bien évidemment ; bref, cet enseignement apportait à tout jeune Molliérois une éducation de base et une culture générale solide pour un village par ailleurs très reculé. Les revues et journaux auxquels de nombreux Molliérois étaient abonnés, aussi bien les adultes que souvent aussi les enfants , prolongeaient leurs connaissances et leur ouverture sur le monde dans les années trente au moins (peut-être avant ?). L’année scolaire se limitait donc grosso modo à un semestre puisque, les enfants étant réquisitionnés par leurs parents pour les aider aux travaux des champs, les cours commençaient au début de l’automne pour s’interrompre au printemps, avec les premiers travaux. Les enfants des hameaux voisins, Le Duch et Torte essentiellement, devaient se rendre quotidiennement à pied au village. Le hameau de Spras étant trop éloigné du village, les enfants étaient parfois confiés en pension à quelques proches villageois, ou bien, à une époque, dans les années 1930, les parents de ce hameau avaient employé sur leurs deniers, pour une petite période en hiver, un « instituteur particulier » en la personne de Célestin Giuge qui était réputé pour son instruction, étant un des rares à avoir un peu étudié au Lycée de Cuneo.